Ici bientôt sera publié une étude sur l'in-quiétude... Entre autres.
L'in-quiétude n'est pas l'affaire d'une psychologie à deux sous, d'une psychanalyse ou d'une superstition. L'in-quiétude est l'affaire de la pensée, sinon de la Philosophie en tant que Weltanschauung. L'in-quiétude est un attracteur au sein de la Weltanschauung, ou plus particulièrement au sein d'une ontologie.
Car l'inquiétude dont il s'agit n'est pas l'anxiété, la peur, l'angoisse... Oubliez le sentiment! Il faut pouvoir mettre le sentiment entre parenthèses pour accéder à l'inquiétude originelle.
Ce que l'inquiétude a de particulier est qu'elle est la chose la mieux partagée au monde. Seulement elle est parfois masquée, souvent dissimulée. Elle est en général inconsciente, et l'on préfère la renvoyer à cet état dès qu'elle surgit dans une quelconque aperception. Toutefois, des individus peuvent avoir l'inquiétude presque en déhiscence continue.
S'il est un état, l'inquiétude n'a pas de cause qu'on pourrait tenter d'éliminer. On ne guérit pas de l'inquiétude. L'inquiétude est constitutive, en ce sens elle est fondamentale. L'inquiétude est la Vie!
Hors de l'inquiétude fondamentale, c'est le règne de l'inerte qui ne sait expérimenter la mort.
On peut tenter d'échapper à l'inquiétude par toutes sortes de croyances ou d'activités qui peuvent aller jusqu'à nous faire côtoyer les frontières de la mort, parfois rencontrer la mort. L'éthique morbide, cependant, ne laisse voir là que du courage et de l'exploit. Parce que la dissimulation doit faire disparaître ce qui fait de la tentative une tentative et de l'échappatoire une échappatoire. Ainsi l'inquiétude est derrière une grande partie de nos actes. En tout cas, les motivations et justifications des actes ne sont pas originaires mais constituées. La nature même de cette constitution est dissimulation et simulacre.
Mais on peut chercher à vivre son inquiétude, la percevoir, connaître ses rythmes, ses intensités et ses nuances. L'apprivoiser, enfin. Alors l'acheminement se transforme en ballade, qui se prolonge parfois vers la grâce.
La pensée est l'art d'apprivoiser l'inquiétude. Et, l'acheminement humain qui en résulte, pourrait faire émerger l'art et la civilisation de la grâce.
Aussi l'individu se trouve-t-il devant deux destins possibles: celui de la grâce et celui du simulacre.
Au fond, il y a bien plus. Car l'inquiétude fondamentale est aussi originelle.
De la nature à la culture, de la quasi-volonté de préserver l'ordre atteint au sein d'une bactérie à l'ère de l'élaboration de "La folie à l'âge classique", de "le concept de l'angoisse" ou encore de "Etre et temps", où l'inquiétude a simplement fini par prendre sous une multiplicité de formes conscience d'elle-même, le moteur ne pouvait être ni la dialectique ni la sélection naturelle mais bien l'inquiétude fondamentale. L'inquiétude originelle était et est fondamentalement toujours là. Prenant conscience d'elle-même, elle a pris dans les concepts historiques les habits de l'angoisse, ceux du délire, du crime, de la folie...
Voilà donc un simple aspect, très succinct sur ce sujet à venir.
Entendu que je n'ai pas encore dit ce qu'est l'inquiétude...
©2025 Saïd Koutani
S. Koutani par M. Koutani - France, Rouen 2022.
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